Les sens en éveil
Embarqués dans la grande aventure humaine, affairés à nos obligations et happés par la surinformation stimulant à l’excès nos cerveaux déjà sous tension, nous prenons un peu plus chaque jour le risque de nous couper de ce qui a réellement du sens pour notre équilibre.
L’excès de cogitation mentale et le syndrome du « faire à tout prix quelque chose » gomme insidieusement l’espace vital dans lequel nous pouvons accueillir d’autres réalités et nourrir différemment notre être.
Comme je l’expliquais dans un précédent article, notre corps et notre esprit ont besoin d’être nourris chaque jour. Il est assez facile de comprendre qu’une alimentation saine et équilibrée contribuera à maintenir naturellement notre corps en bonne santé. Il est en revanche plus délicat d’apercevoir la réalité et l’impact des autres formes de « nourritures » sur notre équilibre psychologique, donc sur notre bien-être global.
En effet, nous laissons entrer par nos sens physiques bien des informations, des impressions diverses et variées à chaque instant de notre vie. Nous avons tendance à sous-estimer l’influence de tout ce qui entre en communication avec notre sensibilité et notre intelligence parce que nous ne connaissons que très peu les mécanismes psychiques derrière l’énorme masse d’informations que notre cerveau doit traiter quotidiennement.
Ce qui nous parvient fait alors écho à toute une palette d’émotions enfouies dans notre mémoire, à de nombreux conditionnements déjà bien installés ainsi qu’à de multiples sentiments plus ou moins confus. Il est essentiel que nous gardions la liberté de choisir la façon dont nous allons nourrir nos sens et notre esprit car bien « des aliments » proposés à notre entendement sont source de pollution et de nombreuses perturbations.
Nous sommes régulièrement imprégnés par de grandes quantités d’images, de sons, de sensations sans être véritablement conscients de l’emprunte que laisseront ces flux informationnels sur notre propre faculté de perception, de jugement et de discernement. La rapidité avec laquelle nous parviennent tous ses messages semble glisser d’un œil à l’autre, d’une oreille plus ou moins attentive à l’autre.
Bien des idées et des concepts véhiculés par ce que nous acceptons de regarder et d’entendre se glissent dans notre esprit à notre insu, sans que nous puissions réellement exercer notre réflexion. Dans ce contexte finalement ordinaire, nous nous retrouvons donc en état d’emmagasiner quasi automatiquement une multitude de symboles, d’images, de mots et de bruits sonores plus ou moins discordants.
Les portes d’entrée de notre espace intérieur sont la plupart du temps laissées grandes ouvertes à toutes les formes de stimulations extérieures. Certes, nous devons prendre connaissance de ce qui nous entoure, entrer en relation avec le monde extérieur et nous adapter à ce dernier. Nous avons à notre disposition les moyens de trier, voir de rejeter tout ce qui nous semble indigeste et générateur de stress, de sentiments négatifs.
C’est le travail de notre conscience que d’opérer ce tri et celui de notre intelligence que d’offrir à nos sens les ingrédients nécessaires à leur plein éveil. Fort heureusement, nous pouvons encore choisir d’échapper au brouhaha et à la surcharge mentale à condition de poser des actes allant dans la bonne direction.
Le moment est propice pour un « bon nettoyage » de nos sens car l’installation de l’automne nous invite à une escapade réellement bénéfique pour enfin respirer les parfums de la terre en pleine alchimie.
Loin du vacarme des télévisions et enfin déconnectés des réseaux en tout genre, la nature nous tend les bras et nous offre l’un de ses plus beaux paysages à cette période de l’année. Se parant de multiples couleurs aux vibrations gourmandes, nos yeux peuvent enfin se reposer dans une saine contemplation. C’est là qu’il faut ouvrir en pleine conscience tous nos capteurs sensitifs et nous reconnecter à l’essentiel.
Bien plus qu’une simple promenade, c’est un bain de jouvence pour nos oreilles qui réapprennent à écouter, un réveil olfactif stimulant tous nos sens. Dans cet espace aussi paisible que revigorant, la vie dans ce qu’elle a de plus fondamentale peut enfin s’écouler dans la moindre de nos cellules.
En veillant à ne pas laisser entrer par nos sens la laideur du vacarme extérieur, nous favorisons l’expression du potentiel créatif de notre esprit tout en agissant favorablement sur notre corps. Nous sommes alors plus proches de notre vraie nature et de nouveau accordés à l’harmonie universelle.
Je vous souhaite plénitude et confiance pour évoluer sur les chemins de l’automne.
O.V