Du baume au cœur

Du baume au cœur

-En évoluant dans la Vie, nous découvrons progressivement à quel point il est essentiel de la respecter, de l’honorer en y participant, et de lui rendre grâce pour tout ce qu’elle nous permet de découvrir. Il y a la vie qui circule dans la moindre de nos cellules, celle qui vibre au cœur du chant de l’oiseau, celle encore qui rayonne à travers les couleurs de l’automne.

-Remercier pour tout ce que la vie nous permet d’expérimenter et de ressentir n’est pas quelque chose d’abstrait. Reconnaître que bien des signes nous sont adressés quand notre solitude a pris toute la place, c’est à nouveau prendre le risque de vivre et d’avancer encore un peu.

-La vie est ce que nous sommes et ce que nous déciderons d’en faire. Être en accord avec le caractère sacré de l’existence tient autant du bon sens que de l’aspiration de l’être à connaître le bonheur. Tant que notre bien-être personnel et celui de nos proches n’est pas impacté par quelques déséquilibres plus ou moins sérieux, nous n’apercevons pas encore à quel point la vie peut très vite devenir un combat au quotidien.

-Combien d’entre nous, combien de nos familles et de nos amis sont touchés par la souffrance morale et/ou physique, écrasés par la perte d’un proche ou la maladie ?

-Autant de vie qui rayonnent et s’épanouissent, autant de destinées chahutées par le caractère éprouvant des événements qui parfois nous affecte. Étrange paradoxe que celui qui rythme l’alternance de nos joies et de nos difficultés existentielles. Alors que tout semblait à peu près en équilibre, l’instant d’après nous pouvons être engloutis par le deuil, par la découverte d’une réalité bouleversante.

-Quand notre peine devient écrasante, devons-nous l’étouffer ou la laisser complètement envahir notre esprit ? Celui qui étouffe sa peine sème « du chien-dent » dans son cœur sans en être véritablement conscient. Quant-à celui ou celle qui laisse la souffrance prendre racine alors qu’il peut encore se redresser et marcher, celui là doit vivement se rappeler à quel point la vie peut encore l’aider à progresser.

-La vérité de l’être s’exprime aussi dans ses larmes, dans ce moment à la fois intense et libérateur où nous acceptons enfin de pleurer.

-Alors que nous avions été conditionnés à croire que pleurer était un signe de faiblesse, voir un état de l’âme réservé à la gente féminine (ce qui relève soit d’une plaisanterie soit d’une absurdité), nous découvrons que pleurer est un acte libérateur qui nous rappelle combien nous sommes humains. D’ailleurs, la joie et la tristesse sont des émotions qui s’expriment parfois par des larmes; comme une offrande à quelque chose qui nous dépasse, tout en nous traversant.

-Dans cet état sollicitant et heureusement inhabituel pour beaucoup d’entre nous, bien des tensions se libèrent, bien des formes de tristesse peuvent enfin trouver une voie d’expression et d’apaisement. L’eau qui jaillit de nos yeux et les soubresauts qui secouent notre corps sont autant de signes qu’il était temps de déposer un fardeau trop longtemps porté. Dans ce processus naturel d’évacuation de la souffrance se trouve également la possibilité de profondes prises de conscience.

-Contrairement aux apparences au demeurant souvent trompeuses, pour l’adulte qui évolue et continue à s’éveiller, pleurer relève beaucoup plus d’un acte de courage et d’humilité. Vient toujours un moment où l’âme ressent ce besoin d’allègement. Pleurer quand vient le temps des larmes nettoie et nous offre la possibilité de laisser enfin partir quelques poisons intérieurs, certaines émotions négatives qui envahissaient depuis trop longtemps notre cœur.

-Dans les moments les plus noirs de l’incarnation et jusqu’au passage de la mort, nous demeurons libres de nous ouvrir afin d ‘accueillir encore et encore un peu de cette présence, de cette vie qui nous rend à la fois si fort et si vulnérable face aux écueils de l’existence.

-Quand nous laissons ouverte la porte de notre cœur, même dans les épreuves les plus difficiles, quand nous ne cédons pas à la tentation de l’isolement, nous pouvons recevoir des autres et y puiser des forces pour faire face à ce qui vient.

-Même si ce n’est qu’une petite lucarne laissée entrouverte, l’amour de nos proches, la présence réconfortante d’un ami, le sourire d’un enfant pourront s’y faufiler. De grâce, ne quittons pas la fenêtre par laquelle la providence peut nous visiter car elle se manifeste souvent là où l’on ne l’attend pas.

-De ce désespoir émerge une percée, celle de la vie qui vient à notre secours, celle de l’amour que chacun peut offrir à l’autre dans ces instants où tout semble si noir. Peu à peu, tout paraît à nouveau possible, malgré ce qui se vit dans la douleur, quelque chose nous rappelle que l’essentiel demeure et que nous en faisons pleinement partie.

-Mort et renaissance, tristesse et joie, ombre et lumière, ainsi est le mouvement de la vie et ce dernier donne une dimension particulière à notre quête de bonheur et d’absolu.

O.V